Les secrets de la Villa Maraini

par Thomas Kadelbach

Thomas Kadelbach, né en 1979. Après des études d'histoire et littérature française à Angers, Fribourg et Madrid, il collabore au projet de recherche FNS Les relations culturelles internationales de la Suisse, 1945-1990. Thèse de doctorat sur Pro Helvetia et l'image de la Suisse à l'étranger. Actuellement collaborateur scientifique à l'Université de Neuchâtel.
, Thomas Kadelbach, born in 1979. Studied history and French literature in Angers, Fribourg and Madrid. Research assistant in the SNSF research project Switzerland's International Cultural Relations, 1945-1990. PhD thesis on Pro Helvetia and the image of Switzerland abroad. Currently scientific collaborator at the University of Neuchâtel.

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Institut Suisse de Rome

En 1977, Etienne Barilier publie le roman Le Chien Tristan, dans lequel l’histoire d’un double meurtre à l’Institut suisse de Rome se combine avec une réflexion générale sur les arts, la recherche de la beauté et l’esthétique. Porté par l’élan que leur inspire la musique romantique allemande, les doctorants suisses, personnages centraux accueillis par l’Institut, vont dans ce livre jusqu’à s’identifier physiquement avec les grands compositeurs. Dans une intrigue dont seul le chien Tristan connaît toutes les péripéties, Schumann, Wagner et Liszt, dans leur identité artistique usurpée, tentent en vain de trouver l’amour qui les conduirait vers l’accomplissement de leurs sentiments et leur révèlerait le sens profond de l’existence…

Etienne Barilier rédige Le Chien Tristan pendant son séjour à l’Institut suisse de Rome entre 1973 et 1975, où il écrit également sa thèse sur Albert Camus. Dans le roman, l’Institut suisse, créé par la Confédération en 1946 grâce à un don de la comtesse Carolina Maraini-Sommaruga, est cité comme une « bâtisse » qui occupe dans la ville éternelle la position que la Suisse occupe en Europe :

Entourée de chefs-d’œuvre, elle n’est pas elle-même absolument un chef-d’œuvre. Construite sur un spécieux mamelon, surmontée d’une tour dont l’altitude ne le cède qu’au clocheton de la coupole Saint-Pierre, elle est le fruit des amours d’un industriel tessinois avec la betterave. Comme pour de nombreux autres jeunes artistes et chercheurs, le séjour à l’Institut suisse de Rome devient toutefois, pour l’écrivain vaudois, une source d’inspiration qui ne manque pas d’influencer son parcours artistique.

En 1976, le succès littéraire du jeune auteur amène pour la première fois Pro Helvetia à accorder à Etienne Barilier une bourse d’écriture, destinée à la rédaction du roman Journal d’une mort. En 1978, la Fondation fait appel à l’écrivain pour organiser une tournée de conférences en Angleterre et en Irlande sur la situation de la littérature suisse en Europe. Cette initiative s’inscrit dans un projet plus large de présence culturelle suisse dans cette région d’Europe, élaborée par l’ambassade suisse de Londres en collaboration avec Pro Helvetia et fondée sur la venue régulière d’écrivains et d’intellectuels suisses. Dans le cadre de cette initiative, Etienne Barilier est accueilli par les universités de Nottingham, Canterbury, Londres, Leicester, Southampton, Birmingham, Edinbourg, St. Andrews, Liverpool, Lancaster, Dublin et Cork.

Le parcours de l’écrivain vaudois comme ambassadeur de la littérature suisse se poursuit en 1982 avec une tournée de conférences au Brésil et en Argentine ainsi qu’en 1986, avec un voyage en Espagne. En 1990, Etienne Barilier participe en tant que boursier de Pro Helvetia au programme Swiss writer-in-residence à l’University of Southern California, à Los Angeles. Ce séjour lui inspirera le roman Un rêve californien.

Au sein des organes directeurs de Pro Helvetia, les sujets des conférences données par Etienne Barilier soulèvent la question de la dimension suisse du rayonnement culturel. Auteur d’ouvrages importants sur le compositeur autrichien Alban Berg et l’écrivain français Albert Camus, Etienne Barilier s’exprime souvent à l’étranger sur des thématiques dont le lien avec la Suisse n’est pas immédiat.

Même si la Fondation opte depuis les années 1960 pour l’échange culturel et souhaite contribuer au dialogue entre les pays, l’appartenance nationale reste une référence centrale dans sa politique. Interprétant le critère de la nationalité dans un sens orthodoxe, Pro Helvetia refuse encore, en novembre 1982, de contribuer financièrement à une traduction anglaise de l’essai d’Etienne Barilier sur Alban Berg, car l’ouvrage ne développe pas un sujet suisse. (tk)

Fonds d’archives
ALS, fonds Etienne Barilier

Bibliographie
« Etienne Barilier », Quarto, Revue des Archives littéraires suisses Nr. 24, 2007

medias

Etienne Barilier

Né en 1947 à Payerne, l'écrivain Etienne Barilier fait partie des auteurs romands les plus connus. Parmi ses livres figurent de nombreux romans et essais.

Photo : Fondation vaudoise pour la culture

"Le Chien Tristan"

En 1977, Etienne Barilier publie le roman Le Chien Tristan, rédigé pendant son séjour à l'Institut suisse de Rome.

"Un rêve californien"

En 1990, Etienne Barilier participe en tant que boursier de Pro Helvetia au programme Swiss Writer-in-Residence à l'University of Southern California. Suite à son séjour, il publie le roman Un rêve californien. Le programme Swiss Writer-in-Residence est créé en 1978 et accueille jusqu'à la fin des années 1990 de nombreux auteurs suisses.

Etienne Barilier

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